Modernisme et design des années 20

L’école du BAUHAUS : le bureau du directeur Walter Gropius

L’Ecole du Bauhaus porte dans son aménagement intérieur les idées novatrices et l’aspiration à la simplicité propre au modernisme. Le Bureau de Gropius en est l’exemple. Gropius désirait renouveler radicalement l’enseignement du design pour le mettre en accord avec la nouvelle société industrielle du 20ème siècle.

Bureau du directeur (Gropius, 1923)

Son bureau est pourvu d’un éclairage inspiré des modèles industriels. En suspension au dessus du bureau, nous avons un lustre de Gerrit Rietveld créé entre 1920-24. Des versions composées de trois ou quatre sources lumineuses sont installées dans la maison Schröder. Au fond, sous la fenêtre est posée la lampe Bauhaus issue de l’atelier de façonnage du métal, dirigé par Laszlo Moholy-Nagy. Elle a été créée par les étudiants Jucker et Wagenfeld.
L’abat-jour est inspiré des luminaires qu’on trouvait dans l’industrie et le tube en acier permet de cacher les fils électriques.
Tous les meubles du bureau de Gropius sont simples et géométriques. Les tentures et les tapis sont créés par Else Mogelin et Gertrud Arndt, influencées par Paul Klee, alors professeur au Bauhaus.

Lampe Bauhaus (Jucker et Wagenfeld, 1923)
Lustre (Gerrit Rietveld, 1920)

Le fauteuil rouge et bleu de Gerrit Rietveld

En matière de mobilier, le fauteuil rouge et bleu de Gerrit Rietveld représente un des emblèmes de l’époque. Ebéniste à l’origine, Rietveld rejoint le groupe De Stijl en 1918. Sous l’influence de la peinture de Piet Mondrian, il conçoit cette chaise en bois peint de couleurs primaires, composée de quatorze montants et de deux planches, agencés en un tout indivisible.
C’est une des premières conceptions d’ossature « en tension » : l’un des montants qui soutient l’accoudoir est lui-même suspendu, ce qui abolit la traditionnelle relation portant/porté.

Fauteuil Rouge et Bleu (Gerrit Rietveld, 1918)

La chaise B32 de Marcel Breuer

Autre star du mobilier de l’époque : la chaise B32 de Marcel Breuer, nommée dans les années 60 « Cesca », du prénom de sa fille adoptive Francesca. Sans avoir fait des études d’architecture, Breuer commença à dessiner des édifices après avoir quitté le Bauhaus.
Son mobilier est considéré comme des répétitions pour ses édifices car il précède ses créations architecturales.
Cette chaise est en acier chromé, bois et rotin. La façon dont Breuer découvrit les tubes d’acier courbé fait partie des mythes modernistes. C’est en appréciant les qualités de puissance et de légèreté d’un vélo Adler que Breuer décide d’appliquer les mêmes techniques au mobilier.

Chaise Cesca (B32) (Marcel Breuer, 1926)

En France, Le Corbusier et Charlotte Perriand

Marcel Breuer ne fut pas le seul à dessiner des chaises en tubes d’acier. Mies van der Rohe, Le Corbusier et Charlotte Perriand en font aussi leur matériau de prédilection. Ainsi la chaise longue de Charlotte Perriand fait partie de ce que Le Corbusier appelle « l’équipement d’habitation ». En effet, l’architecte confie à cette femme designer la création des meubles pour les villas qu’il construit. Cette chaise longue imite le profil d’une aile d’aéroplane et célèbre « l’engouement pour la machine » propre à cette époque. Elle continue à être éditée par Cassina.

La chaise longue (Charlotte Perriand, Chrome et acier peint, revêtement en cuir, 1928)

La collaboration de Le Corbusier avec Charlotte Perriand aboutit à un autre modèle célèbre : le fauteuil Petit confort LC2.
Le Corbusier ressent très vite la nécessité de proposer à ses clients des meubles adaptés à l’espace fluide de ses maisons. C’est pourquoi il développe une gamme de meubles, des « machines à s’asseoir » en harmonie avec  » ses machines à habiter  » tels la Villa Savoye (1929), la Maison Cook (1927) ou la Villa Church (1927).
Ces meubles se placent comme des sculptures qui articulent l’espace fluide de l’intérieur et font de la maison une entité pensée dans sa totalité.

Fauteuil, modèle Petit confort (Le Corbusier, acier chromé et revêtement en cuir, 1928)